La comptabilité de l’eau est un outil incontournable pour parvenir à une gouvernance intégrée de l’eau et à un bilan hydrique durable. Afin de mettre tous les pays du Sud de la Méditerranée en capacité de mettre en place un système de comptabilité de l’eau digne de ce nom, une formation régionale a été organisée par l’équipe du projet WES (Water and Environment Support – Appui dans les domaines de l’eau et de l’environnement) financé par l’Union européenne. Cette formation, qui a s’est déroulée par l’intermédiaire d’une plateforme en ligne, a réuni plus de 50 apprenants, notamment des spécialistes des questions d’eau au sein des ministères et des bureaux de la statistique concernés, et des experts européens, régionaux et locaux qui ont assuré une vingtaine d’heures de cours théoriques et d’ateliers sur un peu plus de deux semaines.

La formation a porté sur le concept général des comptes de l’eau, leurs composantes environnementale et économique, sur les avantages de la comptabilité de l’eau et l’utilisation des résultats pour rendre compte des progrès effectués vers la réalisation des objectifs de développement durable des Nations unies (ODD). Les participants ont été initié au fonctionnement des comptes de flux physiques et des comptes d’actifs physiques, en utilisant le système de comptabilité économique et environnementale pour l’eau des Nations unies (SCEE-Eau), et à divers cadres de référence de surveillance. Les séances de travail en petits groupes ont permis aux apprenants, au moyen de divers exercices, de mettre en pratique les connaissances nouvellement acquises, et aux praticiens des pays du Nord et du Sud de la Méditerranée d’échanger sur leurs expériences et leurs réalités respectives.

Pour George BARAMIS et Éric MINO, qui intervenaient dans la formation au nom du projet WES, les comptes de l’eau devraient être vus comme faisant partie d’un programme plus large : « la comptabilité de l’eau rend compte de la manière dont nous traitons l’environnement, et nous aide à quantifier notre capital naturel. Elle nous permet d’enrayer la dégradation de l’environnement. Par conséquent, tous les pays méditerranéens doivent commencer à recueillir, de manière systématique, les données nécessaires pertinentes. »

« La plupart des participants sont habitués à produire des bilans hydriques, mais au cours de la formation, ils ont découvert combien il était important de relier leur travail au quotidien à des facteurs économiques : au bout du compte, la consommation d’eau devrait être rapportée en tant qu’activité économique, sur la base de normes internationales. De manière générale, les gens dans le secteur de l’eau travaillent souvent seuls, mais maintenant, ils savent qu’il leur faut travailler en collaboration avec d’autres, notamment avec le bureau de la statistique, pour arriver à créer des comptes de l’eau adéquats et opérationnels. »

« Cette formation leur a donné l’occasion de bénéficier du partenariat européen avec la région Méditerranée et de découvrir la comptabilité de l’eau et les statistiques « à l’Européenne ». En Europe, au début, la comptabilité de l’eau a aussi commencé un peu à l’aveugle, sur la base d’hypothèses, car on ne disposait pas forcément de toutes les données nécessaires. Donc, le manque de données n’est pas un argument acceptable pour justifier l’absence de système adéquat de comptabilité de l’eau. »

« Nous avons insisté sur le fait qu’il était essentiel de travailler en équipe avec différents collègues pour arriver à mettre au point ces comptes, et expliqué qu’il était indispensable d’utiliser les classifications standard, notamment celles sur lesquelles repose le SCEE-Eau. Les quelques études de cas qui ont été présentées à titre d’exemples – aussi bien d’Europe que de la région – ont été très utiles, étant entendu qu’elles ont également montré que dans ce domaine, les pays européens sont encore, eux aussi, dans une phase d’apprentissage. »

Majeda ALAWNEH, qui participait à la formation au nom de l’Autorité palestinienne de l’eau, a indiqué que « la formation était très intéressante, et elle m’a permis de me faire une bonne idée de tous les aspects de la comptabilité de l’eau, et de comment s’en servir. »

Hosam EL NAGAR, du ministère égyptien des ressources en eau et de l’irrigation, a ajouté que cette formation avait été une excellente occasion de faire la connaissance de collègues et homologues d’autres pays, et d’échanger et de partager les expériences, et qu’il s’agissait d’une très bonne introduction à ce domaine, et qu’il était intéressant de savoir qu’il existe différents systèmes pouvant être utilisés et mis en œuvre pour créer des comptes de l’eau adéquats.