Aujourd’hui, le monde entier s’accorde à reconnaître que la pollution marine due aux déchets est l’un des grands défis sociétaux de notre époque, et ce en raison de ses implications environnementales, économiques, sociales, politiques et culturelles. À l’instar de tous les pays de la Méditerranée, le Maroc assiste à la dégradation de ses écosystèmes côtiers et marins, et à celle des moyens de subsistance et des conditions de vie des populations qui vivent et travaillent sur ses côtes et dans ses eaux territoriales.

Les causes profondes de la pollution due aux déchets marins en Méditerranée sont les mêmes partout dans le monde : en combinaison, des modes de production et de consommation tout sauf durables, le comportement irresponsable des personnes autant que des secteurs d’activité, ainsi qu’une appréhension fragmentée du problème, due à l’insuffisance de données véritablement adaptées aux besoins, à des cadres politiques et juridiques inadéquats – et une application très discutable des cadres existants –, au manque de robustesse des pratiques en matière de gestion des déchets et, enfin, aux idées reçues, voire fausses, sur les solutions possibles. En vue d’apporter des réponses à cette problématique complexe, l’équipe du projet WES – Water and Environment Support [Appui dans les domaines de l’eau et de l’environnement] –, financé par l’Union européenne, offrira assistance technique et de conseils vers la mise en œuvre des obligations et mesures pertinentes du Plan régional sur la gestion des déchets marins en Méditerranée (dans le cadre de l’article 15 du Protocole « tellurique ») et du Programme de surveillance et d’évaluation intégrées de la mer et des côtes méditerranéenne (IMAP – au titre de l’article 12) de la convention de Barcelone.

Selon le professeur Michael SCOULLOS, chef de l’équipe du projet WES, les quantités de déchets rejetées dans l’environnement marin ont été multipliées par dix au cours des trente dernières années, et constituent aujourd’hui une question grave qu’il est urgent de traiter. « Le Maroc a déjà pris des mesures destinées à prévenir la pollution marine due aux déchets, et nous sommes heureux de l’assister dans sa double tâche d’évaluation des quantités et des sources de déchets et de mise en place d’un programme de surveillance. Une surveillance exhaustive et intégrée facilitera la prise de décisions appropriées », a-t-il indiqué au cours de la réunion de lancement de cette intervention auprès du Maroc, qui s’est tenue en début de semaine et avait été organisée conjointement par l’équipe du projet WES, le département marocain de l’environnement et la délégation de l’Union européenne au Maroc.

Au cours de cette réunion, M. Rachid FIRADI, directeur du partenariat, de la communication et de la coopération au secrétariat d’Etat auprès du ministère de l’énergie, des mines et du développement durable, a tenu à remercier l’Union européenne de son soutien. « Nous entretenons des relations déjà anciennes avec l’UE et venons de conclure, il y a quelques semaines, les négociations de partenariat. Pour cette question, qui fait partie de nos priorités, nous avons défini un certain nombre de cibles et d’objectifs spécifiques. Au Maroc, nous travaillons d’arrache-pied à lutter contre les déchets qui défigurent et détruisent notre environnement marin. La loi de protection du littoral transpose notre engagement au titre de la convention de Barcelone. Par conséquent, nous nous assurerons que cette intervention de l’équipe du projet WES soit pleinement intégrée au programme que nous mettons en œuvre dans ce domaine. »

Thomais VLACHOGIANNI, expert en pollution marine au sein de MIO-ECSDE [Mediterranean Information Office for Environment, Culture and Sustainable Development – Bureau méditerranéen d’information en matière d’environnement, de culture et de développement durable], l’un des membres du consortium du projet WES, sera chargé de diriger cette intervention. Il a indiqué que celle-ci servirait surtout à faire en sorte que les efforts déployés par le Maroc pour respecter ses engagements au titre du Plan régional sur la gestion des déchets marins en Méditerranée et du Programme de surveillance et d’évaluation intégrées de la mer et des côtes méditerranéenne (IMAP) de la convention de Barcelone aboutissent. Elle verra la production de données utiles, qui répondent précisément à l’usage auquel on les destine, sur les quantités, les types, la composition et les sources des déchets présents à la surface de la mer (en zone pélagique) et des déchets reposant sur les fonds marins (en zone benthique). Les données produites seront ensuite utilisées pour déterminer et hiérarchiser les mesures d’atténuation à inclure dans le plan de gestion et de réduction de la pollution marine due aux déchets que le Maroc entend adopter et mettre en œuvre.