Le lancement des activités prévues dans le programme de travail du projet régional «Appui dans les domaines de l’eau et de l’environnement dans le voisinage Sud de l’instrument européen de voisinage (IEV)» (Water and Environment Support in the ENI Southern Neighbourhood region  WES) financé par l’Union européenne a coïncidé avec la confirmation d’une pandémie de coronavirus (vecteur de la maladie dite « COVID-19 ») à l’échelle mondiale, qui n’a pas épargné la Méditerranée.

Il ne s’agit pas uniquement d’une stricte crise sanitaire à l’envergure, certes, sans précédent – nombre de personnes infectées, nombre de décès, tout particulièrement dans le Nord de la Méditerranée –, mais d’une crise sanitaire dont les répercussions sociales et économiques, liées aux mesures de confinement, à la fermeture des écoles, aux restrictions aux déplacements et à la distanciation sociale, sont extrêmement graves, se traduisant notamment par des secteurs d’activité en profond désarroi, des taux de chômage en hausse et des conditions de vie encore plus difficiles pour les plus défavorisés.

L’équipe du projet WES, outre prendre les mesures nécessaires à une mise en œuvre du programme de travail aussi fidèle que possible à l’intention originale au vu des circonstances actuelles exceptionnelles, tient à souligner que la situation actuelle est l’occasion pour nous tous de prendre – enfin – la pleine mesure d’un certain nombre de questions critiques, dont certaines sont traitées dans le cadre du projet WES.

Prenons la question de l’eau : la mesure élémentaire la plus simple à suivre pour éviter la propagation du virus est de se laver souvent les mains, à l’eau claire et potable. Résultat : la consommation d’eau a augmenté de 30 % à 50 % dans la région méditerranéenne, et les ménages accaparent des ressources jusqu’ici consacrées à l’agriculture. Il est tout particulièrement alarmant de constater, aujourd’hui encore, que des millions de personnes vivant en Méditerranée n’ont pas accès à l’eau potable, et qu’un nombre encore plus grand n’a pas accès à des sanitaires. La situation est encore pire dans les zones de guerre et de conflits armés et dans les camps de réfugiés, donnant lieu à des effets en chaîne sur la santé, l’économie et la société. L’intensification de la consommation d’eau et une utilisation accrue à des fins domestiques font que l’agriculture, les écosystèmes naturels et l’environnement de manière générale souffrent cruellement du manque d’eau. 

Heureusement, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et plusieurs autres organisations indiquent que le coronavirus n’a été relevé dans aucune masse d’eau naturelle. En revanche, des traces ont été relevées dans des eaux usées non traitées qui, dans certains cas, sont encore utilisées à l’état « brut » dans l’irrigation informelle dans certains pays méditerranéens. 

Le traitement conventionnel de l’eau potable et des eaux usées est également efficace pour faire barrage à la COVID-19, ce qui signifie que toutes les activités liées à la gestion intégrée des ressources en eau, à l’économie de l’eau, à la réduction des pertes, à la maîtrise de l’eau non facturée, à la promotion de l’utilisation sûre des ressources en eau non conventionnelles, aux systèmes de rétention des eaux grâce à la recharge des aquifères, aux méthodologies axées sur l’interconnexion entre les systèmes hydriques, énergétiques et alimentaires, à l’économie des ressources en eau utilisées par l’industrie (agroalimentaire, notamment) et à l’atténuation de la pollution dans les masses d’eau, à la comptabilité de l’eau, etc. sont toutes pertinentes et au cœur des politiques pour lutter contre la COVID-19 et préparer, sur un mode proactif, la réponse à apporter à l’avenir à des crises analogues. 

En outre, le fait que bon nombre de nouvelles maladies humaines sont liées à des zoonoses et aux contacts entre l’homme et l’animal dans une production industrielle de viande qui répond à une demande née de nouveaux modes de vie, où la consommation de viande est l’un des principaux facteurs de surconsommation, explique que l’ensemble des activités planifiées dans le cadre du projet WES ont trait, directement ou indirectement, à l’environnement, avec une focale sur les différents modes de recyclage, les alternatives à l’utilisation de matières plastiques, etc., dans l’intention de réexaminer des schémas de consommation et de production intenables – et non durables – et de promouvoir la sensibilisation et l’éducation, tout particulièrement en matière de procédés et de processus appropriés, y compris à destination des femmes et des jeunes. 

Nous sommes également convaincus que le projet WES contribue, de manière concrète, à renforcer les capacités et les cadres institutionnels, et la capacité des pays partenaires à mobiliser et à gérer vertueusement les investissements dont ils ont un besoin urgent dans les domaines de l’eau, de l’environnement et de la sensibilisation, et nous espérons que ces domaines seront en bonne place sur la liste d’affectations des financements liés aux plans de reprise de l’après-COVID-19. 

Prof. Michael SCOULLOS 

Chef de l’équipe du projet WES