En dépit des efforts considérables qu’elle déploie pour optimiser des ressources en eau limitées, la Tunisie est confrontée depuis de nombreuses années à la récurrence de graves pénuries d’eau. Cette situation de stress hydrique se trouve aggravée par la combinaison de facteurs démographiques et économiques, sur fond d’évolution du climat. La quantité d’eau disponible par an était de 450 m3 par habitant en 2010 ; aujourd’hui, elle n’est plus que de 400 m3, et on estime qu’elle se réduira encore d’ici à 2030, pour atteindre 370 m3.

À l’heure actuelle, l’irrigation à des fins agricoles représente plus de 80 % de l’ensemble des captages : dès lors, une gestion plus efficace et une allocation optimale de ces ressources s’imposent. L’équipe du projet Water and Environment Support (WES) financé par l’Union européenne se propose d’assister la Tunisie dans la tâche ardue qui lui incombe d’améliorer l’efficacité hydrique en agriculture. Pour le professeur Hamadi HABAIEB, directeur général du Bureau de Planification et des Équilibres Hydrauliques au sein du ministère tunisien de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche maritime, cette proposition arrive à point nommé : en effet, la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) et la sensibilisation des usagers à des pratiques vertueuses et rationnelles s’agissant de leur consommation d’eau sont indispensables pour améliorer la gestion des ressources en eau limitées dont dispose la Tunisie. « Nous travaillons actuellement sur trois axes : premièrement, améliorer l’efficacité hydrique sur le terrain, deuxièmement, nous attaquer au problème de la sédimentation au niveau des barrages, et troisièmement, assurer l’accessibilité de l’eau pour les usages agricoles, dans une optique de bonne gouvernance de l’eau. »

Nicola LAMADDALENA, expert agronome qui intervient dans le cadre du projet WES, avait tenu à redire, lors de la réunion de lancement du projet, que la disponibilité de l’eau en Tunisie est un réel problème. L’un des grands objectifs du projet WES est d’explorer de nouveaux modes d’irrigation pour aider les agriculteurs et les responsables du secteur de l’eau à faire face au stress hydrique. « Il est très important de se pencher sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en eau, de la source jusqu’aux cultures. Il s’agira, dans cette perspective, d’évaluer des calendriers d’irrigation optimisés – parallèlement au rendement et à l’efficacité de l’irrigation –, dans le cadre d’activités agricoles comme non agricoles. L’objectif principal est de réduire autant que possible les pertes en eau. La mise en œuvre de programmes de développement des capacités ciblés est indispensable pour atteindre ce type d’objectif : par conséquent, des outils avancés seront utilisés au cours des sessions de formation prévues. Les techniques d’irrigation intelligente seront également examinées de près, étant donné qu’elles seront extrêmement utiles pour arriver à améliorer la gestion des ressources en eau limitées dont dispose la Tunisie. »